Cette ancienne civilisation n'a pas complètement disparu : ses descendants vivent parmi nous

Longtemps considérée comme disparue, une grande civilisation précolombienne refait surface là où on ne l'attendait pas : dans les gènes de millions de personnes vivant aujourd'hui.
Leurs temples ont été engloutis par la jungle, leurs hiéroglyphes partiellement déchiffrés, et leurs cités laissées à l'abandon depuis plus d'un millénaire. Mais les Mayas n'ont jamais réellement disparu. Grâce à l'ADN de squelettes exhumés dans l'ancienne cité de Copán, une équipe de chercheurs dirigée par Shigeki Nakagome (Trinity College Dublin) a découvert que cette civilisation vit toujours… dans le corps de ses descendants.
Copán, situé dans l'ouest du Honduras, a été l'un des centres les plus influents du monde maya classique. La cité abritait une dynastie fondée par un homme d'origine étrangère, K'inich Yax K'uk' Mo', et a connu son apogée au VIIIe siècle. Jusqu'ici, les inscriptions anciennes laissaient deviner l'existence de liens extérieurs, mais c'est la première fois que la génétique en révèle l'ampleur.
En analysant les génomes de sept individus enterrés dans le cœur de la ville, les scientifiques ont mis en évidence une forte diversité génétique. Les lignées maternelles distinctes et la présence de migrants venus du centre du Mexique témoignent d'une société complexe, en perpétuel mouvement. Un des squelettes, inhumé dans une tombe prestigieuse, pourrait avoir été un chef ; un autre, enterré à ses côtés, semble avoir été sacrifié. Deux vies opposées, liées par un ancêtre commun sur le chromosome Y.

Mais l'information la plus frappante vient des comparaisons avec des génomes modernes : les traces de cet héritage maya persistent aujourd'hui dans de nombreuses populations indigènes d'Amérique centrale. Malgré les guerres, les épidémies et la colonisation, les lignées ont survécu. Selon les chercheurs, plus de 7 millions de personnes au Mexique, au Guatemala, au Honduras ou au Belize portent encore en elles les marques génétiques de leurs ancêtres.
L'étude, publiée dans Current Biology, montre que l'effondrement des cités mayas n'a pas été une disparition pure et simple, mais une transformation. À partir du VIIIe siècle, Copán connaît un déclin démographique rapide, probablement causé par une crise écologique et politique. Toutefois, contrairement à ce que l'on a longtemps cru, la population ne s'est pas éteinte. Elle s'est réduite, déplacée, adaptée.
Ce retournement de perspective remet en cause l'idée de chute brutale. Il met en lumière la continuité culturelle d'un peuple qui a su résister, parfois dans l'ombre, aux cataclysmes de l'histoire. Les Mayas d'aujourd'hui, qu'ils cultivent le maïs, parlent des langues anciennes ou transmettent des savoirs ancestraux, sont les héritiers bien vivants d'une civilisation que l'on pensait perdue.